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Dur dur d'être rousse !

“Ce qui m'a gâché une bonne partie de ma jeunesse, c'est que j'étais rousse poil de carotte. Mais poil de carotte, vraiment ! Alors à cette époque-là les roux c'était mal vu, c'était : ah la rouquine !”. On ne peut s’empêcher de visualiser Jacqueline, petite, belle et rousse, mais aussi de ressentir l’humiliation et la violence des moqueries.


Jacqueline est forte. Elle enchaîne les cigarettes et raconte son histoire avec sa voix de rockeuse. Le seul moment où elle baisse la garde, c’est quand elle évoque sa rousseur d’enfant.


“Ma mère ne voulait pas qu'on touche à mes cheveux. Quand il y avait des clientes qui venaient elles disaient : "Quelle chevelure !". Je les aurais bouffées moi ! J'avais les cheveux très volumineux car je n’allais jamais chez le coiffeur. Tout roux, frisés, serrés, crépus... Alors quand elle me lavait la tête et qu'elle voulait me démêler... Je hurlais !“


Aujourd’hui, Jacqueline a les cheveux bruns, très foncés et très courts. Elle les a teints dès sa majorité. Elle n’a jamais laissé la rousseur reprendre le dessus.


“J'étais moquée dès mes sept ans. Ils venaient tirer mes anglaises en disant : "Tire le boudin", comme on tire une pis de vache. Ça je peux dire que j'ai été malheureuse”. Nous le savons, le harcèlement des enfants a un impact fort sur l’être humain en devenir. Les moqueries d’enfants sont des blessures qui restent toujours.


La petite tasse historique


Faisons appel à l'histoire pour comprendre d'où vient cette haine de la rousseur.


Les premiers signes de rousseur nous viennent d’Egypte. Seth, le seigneur du désert connu pour sa violence qui trahit son frère, est surnommé “diable roux”. Ainsi, tout ce qui touche à la rousseur est assimilé au mal et à la violence. Tout comme en Egypte, les Grecs ont un Dieu roux, Typhon, connu pour sa malfaisance. Les animaux roux sont sacrifiés pour rendre hommage à ce dieu... Il valait mieux ne pas être un renard ! D’ailleurs, le renard est connu pour être malicieux, voleur et rusé... Rien de très valorisant. Au même moment, dans les théâtres de la Rome Antique, les esclaves, voleurs et bouffons sont tous… roux !


Le Moyen-Âge s’en donne à coeur joie pour diaboliser les roux. Les rouquins ne se lavent pas, tuons-les ! Les rouquines sont diaboliques, elles se sont approchées des flammes de l’enfer et leur chevelure a pris la couleur de braise !

En pleine traque des sorcières, les tâches de rousseur sont perçues comme des signes du diable, ce qui facilite la sélection pour le bûcher. Et si elles s’approchent autant du diable… forcément elles forniquent avec lui. En 1254, Saint-Louis décide par un édit d’obliger les prostituées à se colorer les cheveux en roux : il faut pouvoir différencier les femmes du diable et les femmes pures.



On peut se dire que c’était il y a longtemps, que cela a forcément changé. Pas vraiment ! Zola écrit six siècles plus tard l’histoire d’une prostituée, Nana, dont les cheveux deviennent couleur braise à chaque fois qu’elle se dénude. Quant à Toulouse-Lautrec, il représente ses fameuses prostitués de la rue des Moulins… Toutes rouquines ! Les rousses sont réputées sulfureuses et sexuelles.






Le biscuit d’actualité


On finit sur une note positive : l’apparition de nouvelles figures rousses pour changer les mentalités est très récente mais bel et bien là, en 2014, Disney met en scène sa toute première héroïne rousse dans le film “Rebelle” !


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