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L'archétype du métier féminin dans les années 50 : sténo-dactylo

“Moi à cette époque-là je voulais faire sténo-dactylo, je voulais vraiment faire ça. Je sais pas comment j’avais eu ça dans la tête.” Si certaines en rêvent, comme Arlette, Claudine y est obligée par son père. Il a décidé : “Toi tu seras secrétaire, ta soeur couturière”. On ne décide pas souvent de son avenir en tant que jeune femme en 1950.


“La sténographie n’est plus employée maintenant mais était très employée à l’époque. C’est des signes ! Ça allait très vite, tu prenais une lettre du patron en sténo et après tu la traduisais en bon français. Maintenant avec les micros tu enregistres la lettre et tu la réécoutes.” Jeanine


Sténo-dactylo, quésaco ? Sténo pour sténographie, dactylo pour… dactylographie ! La sténographie est une technique d’écriture simplifiée qui utilise des signes et abréviations pour retranscrire un discours, le plus souvent de façon phonétique et le plus rapidement possible. Ensuite la dactylographie prend le relais, puisqu’il s’agit de la saisie du texte, à la machine à écrire du temps de nos mamies. Voilà pourquoi sténo et dactylo sont souvent inséparables !


Pour la plupart des femmes que nous avons rencontrées, devenir sténo-dactylo est une question qui s’est posée après le certificat d’études. S’agissant d’un métier très répandu chez les femmes à l’époque, nombre d’entre elles s’y sont au moins formées.

Mado est la première à nous avouer : “J’ai pris des cours de dactylo mais je détestais ça !. Elle ne s’en est pas beaucoup servi par la suite d’ailleurs !

Catherine aussi s’y forme, au cours Pigier, avec l’aide de l’argent de son oncle. “J'avais 16 ans, j'allais travailler la journée et le soir j'allais au cours Pigier… C'était dur !”. Les cours Pigier représentent alors un réseau de plus de 100 écoles privées en France.

Une fois formées, les femmes sont ensuite embauchées en tant que secrétaires pour des supérieurs hiérarchiques dont elle saisissent notamment le courrier. La jeune Catherine devait alors faire ses preuves : “Quand le directeur m'appelait pour prendre le courrier j'en tremblais ! Heureusement la secrétaire et le comptable regardaient le courrier avant que je le porte à la signature pour voir si j'avais fait des fautes !


La petite tasse historique


Si les techniques d’abréviation de l’écriture ne sont pas nouvelles, elles se développent véritablement à partir du XIXè siècle, époque à laquelle diverses méthodes voient le jour comme les méthodes Prévost et Delaunay. La sténographie devient alors une discipline à part entière et même un métier, apanage d’une élite cultivée et réservée exclusivement aux hommes. Puis, avec l’apparition de la machine à écrire, sténographie et dactylographie deviennent inséparables.



Les lignes bougent avec la Première Guerre mondiale : les hommes partis au front, les femmes doivent prendre le relais et exercer des métiers “masculins”. Le provisoire dure et le métier de sténo-dactylo se féminise fortement, au point de devenir un archétype du métier féminin dès l’entre-deux-guerres. L’image de la femme sténo-dactylo intègre l’imaginaire collectif et vient nourrir des fantasmes d’histoire d’amour entre les jeunes femmes et leurs patrons. Des concours de dactylo sont même organisés par les marques de machines à écrire, comme le met en scène Régis Roinsard dans son film “Populaire”.


Finalement, le métier disparaît progressivement à partir des années 1980 avec le développement de l’informatique et des télécommunications.


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